But
Dirigée artistiquement par Marie-Josée Redont, cette nouvelle structure organise des événements autour des leçons, à l'image des grands maîtres – sept weekends par an dans sa phase initiale – leçons de haut niveau destinés aux danseurs classique, professionnels ou pré-professionnels.
pourquoi
comment
Pour Marie-Josée Redont, le respect du style et de l'oeuvre lui a été inculqué très tôt par de grands maîtres.

D'abord Huguette Devanel, dont les débuts sur la scène de l'Opéra se firent en 1945, et qui sera celle auprès de qui les séries de Nicolas Guerra, les tours "tire-bouchon" de Saint Léon et la technique virtuose de pointe seront développés dix années durant.
Puis, Christiane Vaussard, prenant en 1965 la classe d'engagement de l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris. Mademoiselle Vaussard, par sa volonté, son énergique : " Les côtes flottantes doivent rester flottantes ! "…lui donnera la fluidité et le contrôle d'un torse indépendant, ainsi que le brio italien venu tout droit de Carlotta Zambelli.

Mais la rencontre décisive que fit Marie-Josée Redont fut celle survenue à l'âge de 10 ans1/2 avec Maître Yves Brieux, disciple de Gustave Ricaux, dont il disait "mon Dieu, j'entends sa voix au creux de mon oreille avant même que tu fasses cet enchaînement!". C'est Maître Brieux qui lui montrera 24 ans durant, le sens de l'héritage et toute la grandeur de l'Ecole française. C'est de lui qu'elle apprit à façonner le dos, les pieds, les bras; à creuser l'adage, le pas de deux et surtout à acquérir la grande technique de batterie et de saut au milieu des garçons et des étoiles, nombreuses auprès de ce Maître des Etoiles.
Musicien hors pair, Yves Brieux lui transmettra la finesse du rubato, les ralentis, le legato de l'adagio, l'abattage, la poésie des silences, la magie des poses…tout ce qui fait le vibrato intérieur.
Le Maître avait pris à coeur la sentence de Noverre :" les exercices peuvent être bons pour les uns et mauvais pour les autres "
Car Maître Brieux devenait soudain blême, bondissant comme un diable même à 84 ans, s'il voyait un défaut nuisible voire gravement dommageable pour notre avenir. Il s'écriait: " je t'interdis de faire cela!… Pas de ça chez moi, ailleurs si tu veux, mais ici c'est interdit. La carrière est trop courte pour que tu t'amuses à te blesser jeune."
Sa sévérité était légendaire, c'est sa passion pour la beauté de notre art qui primait ; il était un soleil permanent qui nous illuminait par sa culture théâtrale et chorégraphique. Il passait avec bonheur d'un style à un autre, revisitant les enchaînements de Bournonville, les exercices de haute voltige de Ricaux et Cecchetti, et dominait parfaitement les décalés de Serge Lifar.
C'est ainsi que le danseur devenait un caméléon capable d'affronter les difficultés, ayant les moyens techniques et artistiques d'aborder tous les styles, les concepts en vogue. Non pas en appauvrissant la danse classique au profit d'autres disciplines,mais en disposant d'une grande culture chorégraphique propre. Sachant désormais articuler les différents courants sans dommage ( corporels ou stylistiques ) , car le danseur doit pouvoir se défendre contre les nuisances obligatoirement rencontrées au fil d'une carrière.

De nos jours, que peut-on faire de plus? Danser plus vite ? Plus fort ? En apesanteur ? Changer l'esthétique en repoussant les limites des amplitudes…jusqu'à en arriver aux lignes brisées, déformées qui, au service de phénomènes de mode, portent atteinte à la pureté et à l'harmonie du mouvement?

Le corps a ses lois, et, selon Marie-Josée Redont, donner aux jeunes, futurs professionnels, la possibilité d'aborder les nouvelles tendances sans dommages, passe par une connaissance poussée des enchaînements connus et éprouvés depuis près de trois siècles déjà. Ces connaissances se sont construites par l'expérience et le retrait des erreurs jusqu'à comprendre ce qui est peut-être invisible à l'oeil nu, mais nuisible pour le corps et l'efficacité de ces enchaînements. Rechercher " l'ombre du mouvement".
La sagesse veut que, toujours, le danseur s'abreuve à la source de nos anciens grands pédagogues, afin de "reprogrammer " correctement ce corps souvent déstabilisé par des techniques particulières. Cultiver au maximum ce travail antéro-postérieur, ces courses longues, cet allégement cranio-caudal, pierre de voûte de tout système destiné à éviter les accidents :
bâtir un dos flexible mais résistant, à l'image des grands fauves .

Car le but recherché hier, et aujourd'hui encore, demeurera toujours:
Le maximum d'efficacité pour un minimum d'effort.
Soucieuse de préserver l’héritage français acquis auprès de Christiane Vaussard, Yvette Chauviré et surtout Yves Brieux-Ustaritz, la direction artistique reste persuadée de l’importance d’ouvrir l’enseignement à deux grandes Ecoles dont elle bénéficia auprès d'eux: l’Ecole danoise, avec August Bournonville et son étude poussée de la pantomime, et l’Ecole italienne avec Enrico Cecchetti.
Dans cette optique, une collaboration est au programme avec Flemming Ryberg et Julie Cronshaw. (dont les renommées en matière d'élégance, de style et de grande culture théâtrale ne sont plus à faire.)

Le répertoire sera aux mains de l’étoile Noëlla Pontois, parmi les plus grandes interprètes de la scène française, les cours d’adage donnés par Monsieur Bernard Boucher, tandis que Marie-Josée Redont s'occupera personnellement des Workshops.
Si pour certains, la notion « d’Ecole française » reste vague, vous la préciserez en découvrant, par la pratique, la parenté des Ecoles italienne et française : l’apport spécifique de Carlotta Zambelli, étoile et professeur à l’Opéra pendant un demi-siècle (les séries, la batterie, le geste mimique), Serge Lifar, élève de Cecchetti (les décalés) et Gustave Ricaux (la grande technique masculine), dont les deux plus éminents disciples sont Raymond Franchetti et Yves Brieux-Ustaritz, Ecole de virtuosité technique et d'abattage s’il en est !
L’artiste scénique se doit d’approfondir ces courants à la source de l’Ecole française : leur façon d'être, de penser, la palette d’émotions et sentiments qui les caractérisent, leurs formes si spécifiques, pour mieux voyager jusqu’au cœur de notre propre siècle.